Je travaille en ce moment sur la réalisation de mappemondes. Ce travail m’a donné l’occasion de me confronter à certaines « règles ». Comme tout média d’information, la cartographie n’échappe pas au bon vouloir de son rédacteur qui reste seul maître à bord. Si certaines règles évidentes sont à respecter, d’autres sont beaucoup plus libres.
Voici une présentation du dernier thème proposé pour Metrolife : Mexico.
Le métro de Mexico a été inauguré dans la fin des années soixante, le 4 septembre 1969 très précisément. Lors de la conception du métro, le problème de ce que l’on appelle «l’information voyageurs» se posa très vite aux concepteurs. L’information voyageurs comprends toutes les composantes de communication destinées aux usagers afin qu’il puisse utiliser le service de transport en commun en totale autonomie. Lors de la décision de doter Mexico d’un métro, le taux d’alphabétisation du Mexique n’était que de 37,8 % ! Plus d’un adulte sur deux ne savait pas lire. Comment donc faire comprendre à un individu lambda qu’il est arrivé à sa station de destination ? Comment lui faire savoir que la rame dans laquelle il circule se situe à la station Isabel la Católica et non la suivante Salto del Agua ?
Metrolife, le premier grand volet de mon site, s’inspire de certains des plus célèbres plans de transport en commun de la planète.
Et si j’en ai retenu quatre pour mon volet cartographie personnalisée (Paris, Londres, New York & Mexico) ; d’autres auraient pu (ou pourront) rejoindre la liste.
Le métro de Tokyo est le plus fréquenté et est l’un des réseaux les plus dense (le 5e) avec 328,8 km de voies. Son plan est schématique, les stations portent chacune un nom de code qui sert de repère aux usagers ne lisant pas le japonais (par exemple 清澄白河 ou Z-11 est la 11e station (depuis l’ouest) de la ligne 東京地下鉄半蔵門線 (Hanzomon) représentée par la lettre Z). Un plan rédigé dans l’alphabet latin existe. La baie de Tokyo et le Kokyo, le palais impérial, sont les seuls repères géographiques. Cette carte ne se démarque pas des autres, ni par la représentation graphique des lignes et des stations, ni par la police de caractère ou les couleurs utilisées.. C’est pour cette raison que je ne l’ai pas choisie.
Extrait du plan du métro de Tokyo
À l’image de la Chine, le métro de Shanghai est passé d’un petit réseau comparable à celui de Lyon en 2007 au premier réseau mondial en 2017, seulement dix ans plus tard, avec 548 km de voies et seize lignes (et ce n’est pas près de s’arrêter). Le plan du réseau est schématique. Je trouve qu’il n’est pas à la hauteur de son rang. S’il reprend les codes couleurs du plan de Paris, il est moins lisible, les noms des stations étant écrits dans tous les sens et même parfois masqués par les couleurs, empêchant une bonne lisibilité. Tout comme Tokyo, rien dans ce plan sort du lot. À l’inverse de Tokyo, il est très difficile pour le touriste ne lisant pas les caractères chinois de se repérer sur le plan de base (en chinois). Il devra forcément prendre le plan anglais.
Extrait du plan de Shanghai avec à gauche le plan en chinois, à droite celui en anglais.
Transportant plus de passagers par jour que les métros de New York et Londres réunis, le métro de Moscou est visuellement le plus beau au monde. Certaines stations sont des œuvres d’art et rares sont les guides touristiques à ne pas évoquer le métro comme une attraction touristique à faire lorsqu’on visite la ville.
Le plan mérite également de s’attarder à le lire : il est assez atypique et ressemble à un soleil écrasé, en raison de la ligne 5 circulaire, la Koltsevaïa. Moscou n’est pas le seul réseau à disposer d’une ligne circulaire, Londres en a également une (même si depuis 2009, une excroissance de la Circle Line lui donne un tracé ressemblant plus à un «6» qu’à un «O» ) et Tokyo aussi avec la ligne Yamanote, la ligne la plus fréquentée au monde. Mais contrairement à Moscou, le plan n’a jamais été conçu à partir de cette ligne là. Moscou a fait ce choix en la représentant parfaitement circulaire et centrée au milieu de la carte.
Le plan est assez clair. Les correspondances sont représentées de façon toute particulière avec un dégradé circulaire de couleur entre les stations. Depuis peu, le plan représente également la ligne МЦК, le RER circulaire (ligne 14). La représentation suit la même logique que pour la ligne Koltsevaïa et le plan présente de façon très harmonieuse ces deux cercles entrecroisés par la multitude des autres lignes. a police de caractère ‘Moscow Sans’ est très lisible sans être iconique (du fait de sa jeunesse), elle se décline sur le plan aussi bien en cyrilique qu’en alphabet latin.
Si le plan est schématique, il est beaucoup plus complet que les autres, il représente la Moskva, mais également les monuments touristiques, les voies ferrées et les principales lignes de tram/bus.
J’ai conscience d’être assez dithyrambique sur ce plan ; je ne l’ai pas choisi car sa spécificité viens de sa conception même et des fameuses lignes circulaires. Dans métrolife, les événement marquants d’une vie sont représentés de façon chronologique. Ce choix se prête mal à une représentation circulaire et sauf cas particuliers, je ne pense pas faire beaucoup de lignes de ce type. C’est pour cette raison que Metrolife — Moscou n’est pas à l’ordre du jour.
Pour respecter ses objectifs, la géographie est donc tordue : la rivière Manzanarès qui traverse Madrid de façon rectiligne se voit elle aussi représentée avec des angles droits. Les parcs sont représentés par des rectangles arrondis peu importe leur forme réelle. Le tout accompagné par une police de caractère atypique, octogonale, donnant du caractère à ce plan. Si je n’ai pas prévu de l’utiliser pour le moment, si Metrolife séduit beaucoup de monde, j’envisagerai de faire Metrolife — Madrid.
Si le sujet vous intéresse, je vous conseille la lecture de du livre « Transit Maps of the World » qui reprends ces plans et bien d’autres (dernière édition en 2015).
Voici le troisième thème pour Metrolife. Après New York et Londres, c’est au tour de Paris.
Le plan du métro de Paris est l’un des plus connu en France, non pas pour ses qualités graphiques mais tout simplement car c’est le réseau de la capitale, celui que tout le monde a déjà pris ou craint de prendre un jour. Si ses édicules de style art nouveau font sa notoriété, son plan ne fait en revanche pas l’unanimité.
Dans mon article précédent, je vous avais expliqué le concept de Metrolife : une cartographie personnalisée racontant artistiquement la vie de personnes, d’une famille façon « plan de transports ». J’expliquais que ce concept pouvait se décliner selon la représentation de plusieurs plans célèbres. Voici donc après New-York et en attendant Paris puis Mexico : Londres.
Extrait du plan du métro de Londres
J’ai donc repris les éléments clefs du design de ce célèbre plan, loué pour ses qualités aussi bien cartographiques que simplement graphique et artistique. Le plan est célèbre par un choix de représentation des lignes et de leur stations rappelant le bretessé héraldique, les stations sont représentées des petits créneaux et seules les correspondances sont cerclées.
Metrolife est une représentation cartographique de votre vie à des fins décoratives. Cette carte illustre à un instant ‘T’ ce que vous voulez montrer de votre vie à la façon artistique des plus célèbres plans de métro du monde.
Puisqu’un exemple vaut mieux que mille discours, voici le modèle test que j’ai réalisé :
Il s’agit ici pour les besoins de l’exercice de la représentation totalement imaginaire d’un couple américano-canadien dans le type du Métro de New York. Pourquoi New York ? C’est l’un des plans les plus emblématiques : il réussi la prouesse de rendre lisible un réseau qui ne l’est pas (de mon point de vue de géographe, le métro de New York est une absurdité en terme d’ergonomie et de gestion des déplacements).
Exemple issu du plan du métro de New York.