Après les différentes mappemondes que j’ai réalisées, plusieurs demandes de cartes de pays m’ont été adressées. Ayant d’autres projets, j’ai toujours gentiment décliné à cause du temps que nécessite une telle réalisation. J’ai cependant toujours gardé en tête ces cartes de pays avec l’idée de commencer par la France. Ce pourrait paraître comme une évidence, mais commencer par les États-Unis ou le Canada m’a aussi traversé l’esprit. En effet, ce sont de vastes pays où toutes les données (surtout topographiques) sont disponibles.
Mais c’est ma rencontre avec Fabrice de la papeterie La Mucca à Toulouse qui a finit de me convaincre d’enfin aborder la réalisation d’une carte de la France : il y a une demande ! C’est donc avec beaucoup de pragmatisme serti de motivation que je m’attelle à cartographier mon pays natal.
J’ai décidé d’assurer une continuité graphique avec ma mappemonde « classique » : océan jaune, couleurs en dégradés pour les pays et polices de caractère identiques.
Merci à la C.I.A.
La principale difficulté rencontrée est de trouver une image libre de droit des ombres du relief (je ne dispose pas encore de mon propre satellite pour les relevés topo). Cette image n’est pas obligatoire mais elle ajoute un plus évident et a l’avantage de me faire gagner du temps. Sans cette image, l’autre technique pour simuler le relief est de dessiner toutes les zones au dessus de certaines altitudes (par exemple : 200 m / 500 m / 1000 m / 2000 m / 3000 m). J’aime beaucoup ces deux techniques mais j’ai choisi la première qui ira mieux avec l’idée que je me fais de la carte. Je me suis donc rabattu tout logiquement sur une carte de la … C.I.A. Oui oui. Ils ont légué au domaine public certains documents dont des fonds de cartes qui sont bien utiles dans mon cas. Légèrement retravaillée sous photoshop, elle est parfaite.
Seul soucis : la projection cartographique me sera imposé par ce document, c’est une projection Lambert CC36. La projection habituelle en France est une projection Lambert93 ou des CC au minimum 42. Qu’à cela ne tienne ! À l’œil, les différences seront minimes et de toute façon, mes cartes ne sont pas destinées aux S.I.G. et à leur précision millimétrique.
Une importance de taille
La carte doit être actuelle. Elle représentera donc les nouvelles régions (hélas) ainsi que les nouvelles communes qui se multiplient depuis la loi du 16 mars 2015 relative à l’amélioration du régime de la commune nouvelle. Figurent donc sur cette carte des communes comme l’Orée-d’Anjou (49) ou La Hague (50), nouvellement créées. Très attaché au département, je souhaitais également bien faire figurer cet échelon administratif et géographique. Les départements y apparaissent tous ainsi que leur préfecture et leurs sous-préfectures. Sont également représentés sur la carte de France les départements d’Outre-mer : la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Réunion et Mayotte. Se sont les seuls territoires ultramarins français a être également des territoires constitutifs de l’Union-Européenne*.
Ne vous êtes-vous jamais demandé quelle taille avait la Réunion ? ou Mayotte ? On sait que la Guyane est grande, mais à quel point ? Pour y répondre, j’ai décidé de représenter ces départements d’Outre-mer avec la même échelle que la carte principale, cela permet de mieux comparer les tailles et de leur rendre justice. En effet, bien souvent, les cartographes les cantonnent dans de petits cadres dans un coin de la carte ; ces département ayant légalement le même statut que les autres, ils sont représentés équitablement sur ma carte de France.
Une question de choix
Une fois la base définie, les villes peuvent être ajoutées sur la carte. Il est intéressant d’y faire figurer les préfectures et sous-préfectures, dont certaines sont méconnues. J’aime faire découvrir l’inconnu. Vous aurez donc la chance d’y voir des préfectures comme Privas (07) ou Guéret (23), des sous-préfecture comme Péronne (80), Confolens (16), Le Marin (972) ou Sainte-Menehould (51). Mais cela laisse finalement la carte assez vide et il y manque toujours des villes d’importance et connues comme Biarritz, Pornic ou encore Cannes. J’ai choisi de représenter dans chaque département les communes les plus significatives, que ce soit démographiquement, culturellement ou touristiquement. Néanmoins le choix de représenter certaines villes et non d’autres fut au final très souvent un choix du cartographe, à savoir un choix purement subjectif. Certaines villes ont pu être choisies au détriment d’autres parce que leur nom était plus petit donc plus simple à insérer. Le cahier des charges que je me suis imposé excluait toute utilisation de traits ou de texte oblique. Chaque nom (à l’exception des noms des rivières) devait pouvoir être lu facilement et à proximité de l’objet référant.
Exemple nantais : C’est souvent proche des grosses métropoles que le choix est le plus cornélien. Ici, je me rappelle avoir été contraint par la taille des villes et avoir préféré faire figurer Rezé et Carquefou plutôt que d’autres comme Saint-Sébastien-sur-Loire ou Sainte-Luce-sur-Loire (malgré mon attachement à cette dernière).
D’autres fois, toutes les communes portent des noms longs. Je n’ai alors pas d’autre choix que de m’appliquer à faire une partie de Tetris géographique pour tout caser ou enlever certaines villes malgré moi.
Exemple alsacien : La toponymie alsacienne est généralement assez complexe avec des noms plus longs qu’ailleurs. Ici, j’ai dû me résoudre à l’impossibilité de faire figurer les communes de Mittelhausbergen, Nierderhausbergen ou Eckbolsheim.
La langue de Molière
Enfin, hors des frontières de l’hexagone, les pays limitrophes voient apparaître leurs divisions administratives ainsi que leurs principales villes. Etant très attaché à la toponymie (et plus particulièrement à l’exonymie) française, ce sont les noms « français » des villes qui apparaissent sur la carte, celle-ci étant destinée à un public francophone. Saint-Sébastien, Cantorbéry, Deux-Ponts et Milan apparaissent en lieu et place de San Sebastian (Donastia), Canterbury, Zweibrücken ou Milano.
Exemple italien : Plaisance, Ivrée, Alexandrie, Crémone, Turin, Gênes, Bergame, Milan, Pavie etc… L’Italie est riche en exonymes français.
Galerie
Au final, la carte est belle, précise et détaillée sans être surchargée. C’est de loin celle qui m’a demandé le plus de temps pour être réalisée (j’ai fait une estimation de 450 000 clics de souris pour la finir) mais je suis assez fier du résultat final. J’espère qu’elle vous plaira autant qu’à moi. Sa taille standard est de 84 x 59 cm (format A1) et elle est dès à présent disponible sur ma boutique ETSY (en cliquant sur l’image suivante) :
* Saint-Martin jouit également d’un statut unique. Mais par commodité et simplicité, j’ai décidé de ne pas la faire figurer.