Luther et le Saint-Empire romain Germanique

Aujourd’hui, 31 octobre 2017, les protestants du monde entier célèbrent les 500 ans de la Réforme initiée par la publication des 95 thèses de Martin Luther. Celles-ci ont été publiées le 31 octobre 1517 sur le fronton de l’église de Wittemberg, situé alors dans le Saint-Empire romain germanique.

La géographie, ou plutôt la géopolitique de l’époque, peuvent expliquer la raison pour laquelle les thèses de Luther ont pu être propagées au sein même du très catholique Saint-Empire romain germanique, dirigé alors par le Roi des Romains (titre donné à l’empereur) et surtout, dans les faits, par le pape de l’église catholique à Rome.

Au XVIème siècle le Saint-Empire Romain, qui est le successeur de la partie orientale de l’Empire carolingien, est un état assez vaste pour l’époque, allant de l’Italie moderne au sud jusqu’au Danemark au nord. Comme la plupart des états à l’époque, le système de gérance du Saint-Empire Romain est assez complexe. L’empire est alors un agglomérat d’une multitude de petites nations morcelées, dirigées par des roitelets, des ducs, des comtes ou des évêques. L’empereur, plus ou moins un pion du pape (raccourci historique), était nommé par un système de princes-électeurs. Ceux-ci, issus des nations les plus importantes de l’Empire, étaient au nombre de 7 :

  1. l’archevêque de Cologne
  2. l’archevêque de Mayence
  3. l’archevêque de Trêves
  4. le roi de Bohême
  5. le comte Palatin
  6. le margrave de Brandebourg
  7. le duc de Saxe

Les princes-électeurs étaient tous plus ou moins situés dans l’Allemagne moderne, donc dans la partie nord du Saint-Empire. Petit à petit une méfiance s’est installée avec le sud, c’est-à-dire avec Rome.

Limites du Saint-Empire (en pâle) et des états Pontificaux (en foncé) en 1517.
Les sept princes-électeurs sont représentés, particulièrement la Saxe en rouge.

Quand Luther arrive sur le devant de la scène, l’empereur Maximilien Ier est en fin de vie et Rome cherche à choyer les sept princes afin qu’ils lui soient favorables au moment de la prochaine élection (qui verra Charles Quint arriver au pouvoir). Luther officie à Wittemberg, ville où siège l’électorat de Saxe représenté par son Duc : Frédéric le Sage. Sensible aux thèses de Luther proclamant le Salut par la foi et critiquant l’église ainsi que le Pape, il le prend sous sa protection quand ces derniers exigent qu’il se rende à Rome pour un procès de rétractation assorti d’une probable mise au silence. Il obtient que l’affaire soit jugée sur le sol allemand. Rome est alors coincée entre son désir de justice et le besoin de ménager ce prince électeur, Maximilien Ier étant mort entre-temps. Le pape cède et cela aboutira à l’exfiltration de Luther par le Duc de Saxe après la Diète de Worms. Luther vivra alors caché par le duc et traduira la bible en langue vernaculaire. Petit à petit, les théories de Luther gagneront les princes allemands, la Paix d’Augsbourg accordera en partie la liberté de religion et affaiblira le pouvoir romain sur le Saint-Empire.

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